La capitale cambodgienne a quelque chose de Ho Chi Minh, de Bamako et de Paris. A visiter, let’s go !

Le Cambodge évoque d’emblée les somptueux temples d’Angkor et la période des khmers rouges dont le film d’animation « Funan » de Denis Do relate le quotidien sous ce régime totalitaire de 1975 à 79. C’est l’histoire de Choue et de son mari Khuon, jetés sur les routes comme un million et demi d’autres personnes pour rejoindre des camps de travail. Cette époque a marqué le cinéma avec des films comme « l’image manquante » ou « S21, la machine de mort khmere rouge » de Rithy Panh sur le centre de détention S21, « le sommeil d’or » de Davy Chou. La littérature, avec des livres tels que « le portail » de J.F. Bizot ou « l’élimination » de Rithy Panh. Le Cambodge est un pays d’Asie attachant qui ressemble, dit-on, au Viet Nam, son voisin. Plaines, forêt, montagnes, paysage varié. Puis l’agitation de la ville : à Phnom Penh, mélange d’architecture khmère, chinoise et coloniale. Voitures et tuk tuks surgissent des carrefours. Marchés et bazars foisonnent. Les bacs traversent le Mékong non stop. Au pied du casino chinois doré et rutilant dorment de pauvres diables dans leurs tuk tuk. La capitale cambodgienne a le charme de l’Asie qui aurait croisé la route de l’Afrique. Une métropole jeune, intense, créative avec une vie nocturne animée. Les bords du fleuve sont devenus has been, à part le club Darling Darling, la fiesta bat son plein désormais boulevard Norodom Sihanouk chez Topaze, au rooftop du Lumière Hotel, rue 55, et au Secret rue 136 où se précipite la jeunesse dorée.
PHNOM PENH, QUARTIER DAUN PENH
La rue à Phnom Penh est colorée, pleine de vie. Des marchands ambulants proposent douceurs, brochettes et boissons, des festivités familiales battent leur plein sous des auvents, des coups de klaxon retentissent à chaque instant. La capitale cambodgienne est découpée en rues baptisées par un numéro. Rue 240, rue 227 etc. Le quartier Daun Penh fourmille de boutiques, bars à ongles, beaux hôtels, certains comme The Pavilion, ancienne demeure coloniale, ou le Penh House, avec sa terrasse qui domine la ville. Sans oublier la boutique hôtel Kabiki et son jungloo, amour de chambre-igloo au milieu de la végétation.
PHNOM PENH, PLACE DU ROI SIHANOUK
A pied, à dix minutes de la rue 240 se trouve la place du roi Norodom Sihanouk. A quelques mètres, on verra le monument de l’Indépendance. C’est tout un pan de l’histoire du Cambodge, Sihanouk. Sa statue-mausolée trône au milieu d’une place monumentale qui dessert d’avenues chargées de centres commerciaux appréciés pour la clim’ et de gratte-ciels en construction. Les locaux aiment bien se faire photographier devant le roi Sihanouk, les touristes aussi. Joli édifice la nuit sous les lumières artificielles. Si on a le courage de se lever à 5h du matin, on verra sur cette place ainsi que du côté des quais, des hommes et des femmes faire du tai chi chuan.
PHNOM PENH, STREET ART
Après des décennies de malheurs, d’horreurs, place à la fantaisie et à la créativité : les peintres, les stylistes, les graffeurs s’installent à Phnom Penhet s’organisent. Depuis 2014, un festival de street art y a lieu, le Cambodia Urban Art. Rue 93, quartier Boeung Kak’s rassemblent la majorité des murales mais rue 240, à côté du
Penh House, se trouve une rue dédiée aux portraits. Ici, jeune chanteuse avec une fleur de tiaré dans la chevelure. Elle ressemble aux jolies noctambules que l’on peut croiser le soir rue 308, quartier de la fête où bars et clubs se suivent sans se ressembler.
PHNOM PENH, RUE DES COIFFEURS
Le coiffeur pour hommes officie sur le trottoir à côté des mobylettes pétaradantes. Comme en Afrique, la vie quotidienne se déroule dehors, et les petits métiers de rue, coiffeurs, barbiers, ne connaissent pas la crise. Mais la municipalité veut interdire à la fois les tentes dressées dans les rues pour les mariages et les commerces installés sur le trottoir. Motif : la sécurité, car les piétons sont obligés de marcher sur la chaussée et de slalomer entre les voitures.
PHNOM PENH, UN ARTISTE ENGAGÉ
Em Riem, jeune artiste, a ouvert sa propre galerie, X-Em Galery, pour être libre de créer et d’exposer ce qu’il veut, en peinture, en stylisme et en sculpture. Il travaille ses tableaux sur de la toile de jute, la période des khmers rouges l’inspire particulièrement, ce qui ne correspond pas à la mode du moment mais plait à un certain public. Son travail vise à mieux faire connaître sa culture pour pouvoir la valoriser au delà des frontières. Il a exposé en mars à l’Institut français.
PHNOM PENH, LA MAISON-BAR DE NUIT
Cette maison délabrée, la maison Mansion a été construite entre 1919 et 1920 par un riche commerçant. Non loin du Musée National, cette demeure a été une propriété privée abandonnée sous le régime des Khmers Rouges, occupée ensuite par l’armée. C’est aujourd’hui destiné à accueillir des événements et des soirées.
PHNOM PENH, QUARTIER COLONIAL FRANÇAIS
Ce quartier s’étend de du Wat Phnom au nord du centre ville. Maisons et bâtiments publics, style Belle Epoque et
Art déco datant de la période du Protectorat. La poste fait partie des immeubles rénovés.
PHNOM PENH, CHEZ ROMYDA KETH
C’est l’histoire d’une styliste de talent ayant quitté la France avec mari et enfants pour ouvrir atelier et boutique au pays natal. Jolie femme très chic,
Romyda Keth sait donner au vêtement une allure folle typiquement parisienne. Ses jeux de rubans croisés, ses broderies, font sa réputation. A noter son interprétation très personnelle de la robe chinoise Qi Bao : traditionnellement inconfortable, elle est ici en tissu stretch, dans des imprimés et couleurs inattendus. Ici, pour fêter le nouvel an chinois, la Qi Bao est rouge vif et ornée de dragons ou éventails dorés et colorés. Vente d’accessoires, shoes et sacs à main made in China à prix tout doux. Chez Ambre.
… BIENVENUE DANS SON ATELIER !
C’est ici que tout est réalisé, anoblissement des tissus, coupe, montage. Il fait bon travailler chez Romyda, femme et mère de famille qui fait travailler des femmes et mères de famille. Une entreprise qui réussit est une entreprise qui considère chaque employé comme étant un élément précieux. C’est le cas ici.
PHNOM PENH, L’ÉCOLE QUI CHANGE LE MONDE
A quelques kilomètres du centre ville se trouve Toutes à l’Ecole, établissement scolaire de la primaire à la terminale co-imaginée et édifiée par Tina Kieffer en 2005. C’est un établissement remarquable qui dispense un enseignement solide, un accompagnement social et une philosophie qui permet aux filles de gagner leur liberté et celle de leurs futures enfants : elles y apprennent l’égalité homme-femme, y pratiquent les
arts martiauxjusqu’à participer à des tournois nationaux. Une lutte pour l’égalité des chances que l’on retrouve dans le cinéma engagé notamment au centre cinématographique Bophana, où les jeunes réalisateurs se font fort de mettre en images les problèmes de société et de la place de la femme dans la société cambodgienne.
PHNOM PENH, MARCHÉ RUSSE
Marché situé au nord de la ville, apprécié des touristes pour son côté pittoresque, bric à brac et caverne d’Ali Baba. Les locaux y viennent aussi, sûrs d’y trouver moteurs, pièces détachées de voiture. Sinon, profusion de bouddhas, de « kramas » ce foulard paysan traditionnel (env 2 €) et autres pièces de coton ou de soie. On y déguste des desserts au lotus, à la citrouille, tapioca, lait coco, riz gluant, haricot. Fruits lotus, goyaves, mangue. Y aller avant 17h. Le bâtiment, de style colonial vaut le détour.
… DERRIÈRE LE COMPTOIR
Avec Tintin Khmer rouge exposé derrière les bobines de fil. Dans ce marché, on voit les petites mains travailler, les petites dames cuisiner, les broc’s trier leurs trouvailles.
COUCHER DE SOLEIL SUR LE MÉKONG
Très
Marguerite Duras, l’ambiance. On embarque à côté du pont de l’amitié entre les khmers rouges et le Japon. Les bateaux lèvent l’ancre en direction du Viet Nam, les bacs ramènent les pêcheurs sur l’autre rive. Le coucher du soleil sur le Mékong est un pur moment de sérénité et de joie.
Par Valérie Rodrigue sur MarieFrance