L’histoire du « Royaume du million d’éléphants », premier royaume du Laos dont la puissance a rayonné sur le continent asiatique pendant environ 350 ans, est intrinsèquement liée au développement de l’actuel Laos.
Fa Gnum, fondateur du Lan Xang
Né à Xieng Tong, connue aujourd’hui sous le nom de Luang Prabang, le prince Fa Gnum est le petit fils du gouverneur de Luang Prabang, Souvanna Khamphong.
Si l’on en croit la légende, le grand père de Fa Gnum a banni son petit-fils et son fils, car ce dernier aurait tenté de séduire une de ses concubines. Prince exilé, Fa Gnum se réfugie au Royaume des Khmers, à la fois puissance culturelle, religieuse et militaire de l’époque.
Il y grandit comme le fils adoptif du roi Khmer Jayavarman Parameshvara (Jayavarman IX) et épousa même la princesse Khmère Keo Kang Ya.
Statue du roi Fa Gnum à Vientiane
En 1350 cependant, Fa Gnum et son père lèvent, avec l’aide du Royaume Khmer, « l’armée des 10 000 » pour reconquérir leur royaume.
En 1353, après de nombreuses batailles et conquêtes durant lesquelles le père de Fa Gnum mourut, l’armée arrive à Luang Prabang. Fa Gnum, s’empare alors du trône de son grand père et devient le roi du royaume de Lan Xang.
En 1356, Fa Gnum s’empare du Royaume de Vientiane, alors menacé par le Royaume d’Ayutthaya, pour unifier la puissance de son royaume et s’imposer face au Royaume d'Ayutthaya.
Comme preuve de reconnaissance de la puissance du roi du Lan Xang, Ayutthaya offrit la princesse Nang Keo Lot Fa en tant que deuxième épouse de Fa Gnum.
Le roi Fa Gnum régna environ 20 ans, pour être ensuite déposé par son propre fils, Samsentha, qui lui régnera pendant plus de 40 ans.
La fin du Royaume de Lan Xang
Sous le règne de Fa Gnum, Lan Xang représentait déjà le plus grand royaume d’Asie du Sud-Est (plus grand que le Laos actuel), mais devait continuellement faire face à des conflits internes et aux menaces des royaumes voisins.
200 ans après la création du royaume, la capitale est déplacée à Vientiane, pour mieux faire face aux envahisseurs Birmans. Cela n’empêcha pourtant par les Birmans de brièvement conquérir Lan Xang pendant 20 ans, avant d’être finalement repoussés en 1591.
Finalement, Lan Xang connut son Age d’or sous le règne du Roi Sourigna Vongsa entre 1637 et 1694. Malheureusement à la mort du roi, conflits et troubles politiques reprirent de plus belle, amenant peu à peu à la division de Lan Xang en trois royaumes en 1707, marquant l’entrée du Laos vers son histoire moderne.
Divisés et affaiblis, les royaumes de Vientiane, Luang Prabang et Champassak, tombèrent l’un après l’autre sous l’influence de leurs puissants voisins. Les royaumes lao disparurent ensuite peu à peu, puis totalement avec le partage du monde oriental par les puissances européennes et l’arrivée du protectorat français 200 ans après la fin du Lan Xang.
L’introduction du Bouddhisme Theravada au Laos
Proclamé dès le début de l’histoire du Lan Xang comme la religion officielle, le bouddhisme theravada est aujourd’hui l’une des religions principales dans le Laos actuel avec 67% de la population pratiquant cette religion.
On ne peut exactement dire depuis quand le bouddhisme theravada est pratiqué au Laos, puisque Lan Xang est le premier royaume laotien historiquement reconnu, mais l’introduction du bouddhisme theravada fut définitivement un moyen d’unification du pays.
Encore très lié avec Angkor et sa belle-famille, Fa Gnum avait reçu du roi Jayavarman IX le Phra Bang, statue de Bouddha de 83 cm de haut en or. Offerte en 1959, la statue donna le nom actuel de Luang Prabang, qui était alors connue sous le nom de Xieng Tong.
Le Wat Mai à Luang Prabang, temple central et symbole religieux
La statue est devenue le symbole d’une royauté pure et de la religion au Laos.
Le Phra Bang connut par ailleurs une histoire toute aussi tumultueuse que son pays, puisqu’elle fut par deux fois volée par le royaume de Siam, pour finalement retourner à Luang Prabang en 1867. Aujourd’hui, la statue est amenée chaque année au Wat Mai durant le Pimay, nouvel an lao, pour y être exposée pendant 3 jours.
Aujourd’hui, le bouddhisme Theravada est encore un moyen d’unir la population et d’en favoriser l’éducation et la sagesse. Tout comme à l’époque, Luang Prabang, capitale du Lan Xang, reste un haut lieu de culte et d’apprentissage pour les moines bouddhistes et les pratiquants avec une trentaine de pagodes dans son enceinte.